Fatigue

Deuxième semaine. - p.2

Je ne peux pas laver la zone irradiée avec du savon (même sous le bras). Mais je peux néanmoins passer cette région à l'eau claire et me tamponner avec mon essuie pour ne pas arracher les autocollants points de repère. Les infirmières m'ont promis de me dire si je sentais l'infection, mais il semblerait que les rayons tuent les bactéries et qu'en conséquence, nous ne sentirions pas. Jusqu'à présent, effectivement, je me supporte encore facilement. Mais, comme je suis mal à l'aise à l'idée d'avoir une odeur dérangeante pour les autres, je perçois plus que jamais les odeurs de transpiration des infirmier(e)s qui lèvent les bras au-dessus de moi pour placer les machines. Et je me demande chaque fois avec inquiétude qui répand cette odeur : moi, le malade précédent ou le personnel ? J'en parle ici parce que nous nous sommes toutes fait cette réflexion. En plus de nos cheveux, le fait de ne pas pouvoir nous laver correctement fait partie des inquiétudes sur lesquelles nous nous rassurons entre nous dans les salles d'attente.
Je peux aussi vous annoncer que je suis en hormonothérapie pour cinq ans, et ce, depuis le jeudi où j'ai rencontré le médecin. Pour la facilité mnémotechnique, j'avais d'abord pensé postposer de quelques jours pour commencer le 1er avril… mais je ne le considère pas vraiment comme une bonne blague ! Et dans cinq ans, je suppose que je ne serai sans doute pas à trois jours près !
J'avais rencontré par hasard une des dames du tout premier jour d'hospitalisation, du bout de la ligne verte. Elle se plaignait qu'elle avait plus d'une bouffée de chaleur à l'heure et qu'elle ne les supportait pas. Je dois dire que je suis heureusement surprise : j'ai l'impression que j'en ai moins que durant les derniers jours de chimio. Pourvu que ça dure. Les effets secondaires annoncés sont clairement indiqués sur la notice pharmaceutique : en gros, il s'agit des problèmes connus liés à la ménopause, mais aussi de risques de problèmes d'oedèmes aux jambes et de problèmes à l'utérus qui peuvent devenir une urgence en cas de saignements…
Mon médecin homéopathe me parle de risque iatrogène48 de cancer de l'utérus. Elle me dit aussi qu'au moindre problème, elle demandera l'ablation. Me voici prévenue : si cela m'arrive, je n'hésite pas, je serai bien prise en main. Bien que ce ne soit pas une perspective très réjouissante, même si le risque est statistiquement minime. Paradoxalement, l'anticipation constructive et chaleureuse me rassure malgré tout.
Il est vraisemblable aussi que, durant ces cinq années, l'évolution sur le plan pharmaceutique me permette de changer de remède et de passer à un autre, porteur d'espoirs par rapport à l'ostéoporose et par rapport à ce risque de cancer utérin. Je ne peux, comme je l'ai déjà dit, que me soumettre à l'Histoire. La recherche est en marche et moi j'arrive entre deux de ses pas.