Chimiothérapie

Je vous dis "Merde, merde et encore merde ". Parce que cela me fait du bien et que ce serait un mensonge d’en parler autrement.
Me voilà donc guérie de mon cancer… et, par sécurité, je vais suivre docilement la chimiothérapie qui m'est prescrite. Elle me rend plus malade que je ne l’ai jamais été. Je suis donc malade d’être guérie !
Je me sens parfois tout aussi vide de pensées, de désirs, de sentiments que lorsque j’étais fœtus… Et encore heureux qu’il en soit ainsi, parce qu’à ces moments-là, je n’ai ni envie de vomir, ni de me goinfrer, ni de pleurer. Je reste là, couchée dans mon lit, à végéter sans bouger, ou à peine, les yeux fermés, sans même d'idéation.
Quand je vais mieux, j'écoute le temps passer dans la rue : le trafic du matin, le calme de la journée, la promenade des chiens, les bavardages des voisines, le retour des petits de l’école voisine, les premières autos avec le déclin de la lumière, mes enfants qui rentrent… Etat d’hébétude.
Je voudrais faire un rapport bien détaillé de ma chimiothérapie, pour ajouter le récit de mon vécu à ce qu'en disent les médecins ou les commérages. Et essayer de traduire par des exemples sortis de ma triste expérience ce qui peut difficilement se dire ou se décrire, par pudeur ou par manque de mots.