Chimiothérapie

Tout d'abord : les présentations - p.1

Ma chimiothérapie s'appelle "FEC" pour les intimes, de son vrai nom : Fluorouracil Epirubicine Cyclophophamide. Je viens de le recopier du papier que m'a donné mon chimiothérapeute, parce que je n'aurais pas pu m'en souvenir de mémoire.
Ceux qui ont fait du latin ou s'y connaissent en gemmologie se douteront de sa couleur rouge, puisqu'il y a "rubi" dans Epirubicine ! Mais pour tout le monde, il s'agit d'un nom barbare, proche du mot "torture" comme dans les premières associations d'idées concernant le mot "barbare".

Les informations que me donne mon chimiothérapeute ne sont guère réjouissantes, même s'il essaie de les annoncer avec tact : six cures, toutes les trois semaines, soit tous les vingt et un jours exactement. Des jeudis parce qu'il consulte le jeudi…
Le but sera de me ménopauser. Et je devrai affronter quelques effets secondaires tels que chute de cheveux (il me parle aussi de perruques, de réversibilité –il est jeune et chauve à souhait ! ), nausées-vomissements pour lesquels je recevrai des médications lors des cures, brûlant, diarrhée ou constipation (ça dépend des personnes – moi j'ai eu tendance à la constipation puis aux diarrhées quand j'exagérais avec les remèdes anti-constipants, évidemment), la chute des globules blancs avec risque de fièvre et infection (sur laquelle il a particulièrement insisté –je dois courir ou téléphoner à l'hôpital si j'ai plus de trente huit degrés de fièvre, me dit-il en ajoutant le numéro de tél. de la garde et en surlignant mon numéro de dossier personnel), chute des plaquettes et saignements, chute des globules rouges et risque d'anémie, fatigue et essoufflement, sécheresse cutanée, mucosité buccale et aphtes, conjonctivite et larmoiements, rhinite et écoulement nasal, et, enfin, last but not least, toxicité cardiaque qu'il a rajoutée à la main (sur laquelle il insiste aussi et pour laquelle une vérification est prévue après la troisième cure). Comme programme de réjouissances, j'ai vu mieux.

Je suis assez paniquée en sortant de chez lui, évidemment, surtout à propos des risques liés à l'immuno-déficience et à la toxicité cardiaque. Concernant la période de risque immuno-déficitaire, ses mots n'étaient pas ambigus : risque accru d'infections virales ou bactériennes, attention aux rhumes, grippes, bronchites et autres maladies. Essayer d'éviter les contacts avec des personnes malades. Il insiste encore sur le numéro d'appel de la garde et m'explique que les dossiers sont informatisés de telle façon que tout médecin de garde puisse avoir accès à mes données personnelles et me conseiller sur l'attitude à prendre si je décris mes symptômes. En relation avec ce risque, une prise de sang sera faite avant toute nouvelle cure, le jeudi avant de le voir, de façon à pouvoir surveiller le nombre de mes globules et plaquettes et confirmer si la cure se fait le jour prévu ; elle serait postposée d'une semaine si la chute était trop manifeste. Il n'en dit pas plus, mais insiste qu'il est préférable que les séances se suivent à une cadence régulière, ce qui est habituellement le cas vu que, durant la dernière semaine, les composants sanguins se reproduisent et remontent légèrement vers une normale.

Il ne dit pas que cette chimiothérapie est une des rares à faire grossir. J'aurais pourtant préféré le savoir, parce que cela m'aurait évité bien des soucis. Lors de ma première cure, j'ai pris brutalement six kilos et à la seconde quatre, et pareille prise de poids effraie, bien sûr, mais aussi rend pataud, complique l'habillement et pèse lourdement sur le moral.
J'ai finalement compris ce qui m'arrivait en lisant cette caractéristique spécifique, écrite en tout petit, dans une brochure sur les chimiothérapies, récemment parue ! J'ai alors pu réagir et prendre soin adéquatement de mon alimentation.
Heureusement que mon amie Tania est avec moi. Elle me rassure et me sert de mémoire accompagnatrice. Nous pourrons rediscuter après avoir quitté le cabinet de consultation. Son optimisme à toute épreuve me rassure et me dit que "Tout ira bien. Tu es forte, tu verras…, et s'il y a quoi que ce soit, tu me téléphones, et je suis là !". Quel bonheur que cette Tania !
Quel bonheur aussi que j'aie une telle confiance dans mon médecin homéopathe !
Nous avions fixé un rendez-vous chez elle le lendemain de ma visite chez le chimiothérapeute pour mettre au point une contre-offensive aux risques d'effets secondaires. Ce qui fut fait.