Chimiothérapie

Cinquième chimiothérapie - p.1

Et me voilà, maintenant, dans les jours qui suivent la cinquième (sur les six) chimiothérapie. Je suis pressée d’en finir, car, même si tout le monde me dit que je la traverse avec un minimum d’effets secondaires, moi, je sais que je vis une sainte horreur. Pour moi, ce fut la cinquième, la pire. Pour Petra, ce fut la sixième. Déjà à la troisième, je l'ai dit, le corps réagissait et hurlait son "ras-le-bol". Mais, de cure en cure, mes organes refusent de poursuivre et se mettent en grève. Pour ma part, ce fut le foie en premier et, de plus en plus fort, de cure en cure. Et puis l'estomac et les intestins.
Et je dirais bien, à force d’être dégoûtée, juste avant ma sixième chimio, que, maintenant, je me sens intoxiquée jusqu’à la moëlle des os. Mais ça c’est de la littérature, probablement. A moins que ?
Je me dépêche de terminer mon livre. Affaire urgentissime. Une fois que mes cures seront terminées, je pense que je ne pourrai plus le relire, ni le reprendre en main. J’envisage d’ailleurs sérieusement de le soumettre à la critique de certains de mes amis, pour savoir, d’abord, s’il est supportable à la lecture, et pour ne pas devoir me replonger dans cette "m… ".
Déjà actuellement, quand je me relis, pour vérifier la cohérence ou ajouter quelques commentaires, j’ai des hauts le cœur rien qu'à relire certains chapitres. Je crois que s’il n’est pas fini le jour z, je n’y reviendrai plus jamais. Ne jamais dire "jamais "…
Je constate que je ne procède finalement, ni à la manière d’un journal, ni en relatant un récit. Je retouche, par-ci, par-là, au fil des cures pour vous livrer mes nouvelles impressions. Je comparerais bien mon travail d'écriture à celui de Monet peignant les Nymphéas : avec les différents vécus, j’ajoute par touches ce qui me semble pertinent à communiquer, jusqu'à faire un tout. Je préfère les Nymphéas à une chimio. J'aurais dû choisir un autre sujet et la peinture !

Je décompte les jours, comme le font les prisonniers. Actuellement, le bout du tunnel est à trente jours de patience.


Ce sera aussi le début d’une nouvelle aventure, la radiothérapie, dont je me méfie également.
Mais ma plus grande crainte se porte sur mon hormonothérapie : actuellement, dans les revues médicales autorisées, le traitement qui me sera proposé est remis en question à cause de ses risques et effets secondaires à long terme. Je devrai me soigner durant cinq ans avec ce remède. Cette controverse médicale concernant les produits à prescrire crée un trouble parce qu’ils remettent en cause un remède qui paraissait idéal. Ses inconvénients sont évidemment mis sous le projecteur par la concurrence. Même le Ministère commence à prendre du recul par rapport au standard actuel. Mais cette nouvelle thérapeutique n’est pas encore sur le marché et ne sera délivrée qu’à des malades sélectionnés dont je ne semble pas devoir faire partie, malgré les insistances de mon médecin traitant. Une fois encore, il faudra accepter d’être dans un processus d’évolution et de progrès : le médicament concurrent semble présenter moins d’effets secondaires, mais les études n’ont encore rien prouvé sur le long terme car elles sont toujours en cours.
Actuellement, je glâne un maximum d'informations, pour pouvoir prendre ma décision finale, mais je crains de ne pas avoir le choix de faire un choix. Ce qui est sans doute normal. Je pense aussi que les oncologues (spécialistes du cancer) se méfient sûrement des risques de procès s'ils tentaient quelque chose qui pourrait, à postériori, se révéler une initiative malheureuse. Travailler sur les espérances de vie de gens menacés de mort doit être une sacrée gageure sur le plan des assurances et autres responsabilités civiles. Je comprends aussi que le gouvernement et toutes les instances de protection des malades prennent toutes les garanties en matière d’études pour éviter tout abus de la part des sociétés pharmaceutiques. Mais se trouver ainsi entre la poire et le fromage, dans une controverse entre un produit qui a fait son temps et un autre à venir…
Mes médecins me donnent des informations que je ne devrais normalement pas avoir, signe de confiance et de respect. Mais je dois, encore une fois, pouvoir assumer et accepter.