Chimiothérapie

Premier jour. Première cure. - p.1

Inscription. Salle d’attente. Perruques et foulards. Seules ou à plusieurs. La plupart seules. Plus de femmes que d'hommes, mais quelques hommes aussi.
Je suis donc encore accompagnée de Tania qui me fera cadeau de son temps à chaque cure. Grâce à elle, je ne vois pas avec les yeux de la solitude. Elle me montre le paysage, les cadres, les couleurs des murs avec enthousiasme, pour alléger… A deux, l'angoisse de l'inconnu, l'angoisse du gouffre dans lequel plonger pour "sauver" ma vie, semble moins lourde à supporter. Tout ce qui peut m’encourager, me montrer le chemin pour "garder le moral ", elle me le soulignera et évitera avec le plus grand soin de s’apesantir sur ce qui est déjà si oppressant. J'ai tellement besoin d’être entourée, et à fortiori de gens aussi positifs que Tania dont l’affection est naturellement encourageante.
Comme nouvelles venues dans le cycle des thérapies, nous avons priorité : nous sommes prises en premier dans la chambre où je vais recevoir mes injections. J’ai depuis toujours une frousse bleue des piqures et des seringues : je ne veux pas voir le matériel. L’infirmière me pique sans me faire mal et laisse couler le premier remède dans mes veines. Je reçois trois "sacs " de perfusion contre les nausées et vomissements. Puis vient la chimiothérapie proprement dite : le produit rouge. Progressivement, je sens les parties du corps s’engourdir et je dis à Tania que je sens déjà où il fait son effet, provoquant une sensation d’engourdissement dans les membres et les parties du corps, chatouille le nez et donne un goût métallique en bouche.
A part cette sensation, que je trouve légèrement inquiétante, je ne ressens rien. L’infirmière est efficace : elle passe régulièrement changer les perfusions, vérifier mon état général, donnant quelques explications ou des conseils au passage.
Je reçois une boîte de quatre comprimés et quatre gélules, à prendre le matin des quatre prochains jours, sans faute, sous peine d’avoir de terribles nausées. Et nous pouvons déjà repartir.

Il est environ seize heure. Teatime. Tout a été bouclé en moins de deux heures, prélèvement et chimiothérapie compris. Je passe avec Tania chez elle où nous prenons une tasse de thé avec des biscuits. Elle me ramène à la maison. Comme je me sens bien, je prends le steak minuscule, les quelques pommes de terre et la compote de pommes que je n'avais pas osé manger à midi, par précaution. Et, fatiguée, je monte me coucher.
A mon lever, deux heures plus tard, je vais à la toilette. J'ai été prévenue et ne m'étonne donc pas que mes urines soient rouges, de la même couleur que l'injection. Je prends encore une boisson lactée et, déjà épuisée, je remonte me coucher…
Cinq heures après le début des injections, les premiers vomissements arrivent. Ils dureront encore durant six heures avant que je ne puisse m’endormir le ventre vide. Je n’avais aucun anti émétique (remède contre les vomissements) dans la maison… Le lendemain matin, à la première heure, ma sœur, appelée au secours, m’apportait du Motilium, dans la boîte-aux-lettres, pour ne pas déranger au cas où je serais enfin endormie ! Le premier jour après la cure, en plus de mes deux capsules données à l’hôpital, je consommai sept Motilium17; le jour suivant, j’en pris quatre, mais à l’avenir, j’en prendrai un supplémentaire au moment de dormir pour dissiper ces impressions de nausée que j’ai eues en bougeant dans mon sommeil ; et le troisième jour, je résistai jusqu’à l’heure du coucher où, cette fois, je pris mes précautions avec un Motilium pour la nuit.
Mon état général s’est alors habitué ou calmé, je ne sais que dire. Restait évidemment l’énorme fatigue. Et mon dernier jour de médocs reçus à l’hôpital.