Chimiothérapie

Troisième chimio - p.1

Petra m'a prévenue de me tartiner généreusement de crème antirides, d'hydratation corporelle, etc. Mon homéopathe m'avait parlé d'huile d'amandes douces… Effectivement, la sécheresse de la peau commence à se faire sentir.
Elles m'avaient dit que la troisième était la pire. Ce n'était pas exagéré. Les deux premiers jours, ouvrir un œil me donnait le vertige, des nausées, voire des vomissements. Je ne pouvais que rester immobile, anéantie, dans l’obscurité, les deux yeux fermés et attendre que ça passe (de dix sept heure, la veille, à environ midi du lendemain). Quand des proches me demandaient comment j’allais, forcément, je répondais toujours que j’allais "mieux ". La preuve : le lendemain, ouvrir les yeux s’avérait possible, mais bouger ne fut-ce qu’un bras me donnait les mêmes sensations épouvantables. Je me suis donc mise à lire, couchée, le bras tendu et immobile, n’utilisant que le minimum d’énergie digitale pour tourner les pages… J’allais donc déjà beaucoup mieux que la veille : je pouvais même me distraire en lisant.
Dans les premiers jours de cure, en désespoir de cause, pourrais-je dire, je me préparais une légère tisane de lavande, connue pour ses pouvoirs calmants. A mes yeux, elle a trois effets bénéfiques : éliminer par voie urinaire, faire dormir et parfumer ma transpiration qui pue la chimie. Le fait de dormir presque en continu est excellent pour le moral : pendant que je dors, le temps passe tout seul. Je ne m’ennuie pas et je bouge un minimum, donc je diminue les occasions d’avoir des nausées.
Le surlendemain, je suis toujours au lit, mais les deux bras bougent, et changer de position devient possible… Le quatrième jour, je vois la vie en rose parce que je peux quitter le lit plusieurs fois une demi-heure ou même une heure entière, entre les "siestes ". Dès le soir de ce quatrième jour, ma forme revient et me permet de "m'essayer" en allant souper chez mon oncle et ma tante.

Je suis toujours surprise de m'entendre dire que je vais bien ou que je vais mieux. Tout est relatif, bien sûr. Pensez donc à ce que veut dire pour moi "aller mieux", dans les exemples ci-dessus et ce que cela signifie, sans doute, pour mon interlocuteur. Il ne s'imagine certainement pas que "aller mieux" signifie ne bouger qu'un doigt, dans l'immobilité complète, sous peine de nausées et de vomissements.
Et, comme disait Leslie, que j'ai rencontrée à la radiothérapie, on n'a pas envie de se plaindre sans arrêt "j'ai la rate qui se dilate, et le foie qui va pas…" Dire "ça va !", arrange tout le monde.