Fatigue

Premier jour. - p.1

Tania m'accompagne. Elle doit rester dans la salle d'attente. Je comprends : tout est radioactif ici !
Nous retrouvons là des personnes que nous avons déjà croisées lors de la chimiothérapie. D'un certain côté, cela rassure de revoir des visages connus.
Par rapport à la simulation, je suis dans une autre partie du bâtiment. Voici donc où je serai traitée. Si j'avais su qu'ici les infirmières sont amènes et souriantes, qu'elles travaillent en équipe et s'entendent bien, je me serais sans doute moins inquiétée.
Elles ont déjà installé ma table en fonction des paramètres de mon dossier et je retrouve l'environnement des appareils comme lors de la simulation. Parce qu'il ne faut pas croire : je suis si inquiète que je surveille tout ! Je me rassure pourtant car elles semblent compétentes, la salle est accueillante, bien que de nombreux accessoires, tant dans la salle d'attente qu'ici, me font penser aux enfants qui doivent également se faire traiter. Et j'ai mal aux enfants et aux jeunes. Je trouve tout ceci déjà tellement triste et pénible pour moi. Mais bon, eux aussi cherchent à sauver leurs vies malades.
Les infirmières me demandent si tout va bien avant de quitter la salle et m'avertissent que je n'en ai que pour deux minutes. Comme l'une répète ce que vient de me dire l'autre, nous rions et je leur affirme que je préfère l'entendre dire deux fois dans deux bouches différentes qu'une seule fois par une machine. Nous rions encore. Elles ne savent pas à quoi je fais référence… J'ai tellement besoin d'humanité.
Ces infirmières ont vocation de nous motiver à persévérer, cela se sent à la façon dont elles nous parlent et nous disent "à demain". Merci mesdemoiselles pour votre amabilité. Elle nous est effectivement indispensable.

Désormais je viendrai seule : inutile de faire prendre des risques de radioactivité à Tania. Je lui ai promis de faire appel à elle si j'en ressentais quelque besoin. Mais j'ai pu me débrouiller sans trop de difficultés : l'entourage des soignants et des autres radiokes est chaleureux et j'ai assez d'énergie pour faire l'aller-retour -deux fois un gros quart d'heure de route- avant de faire une sieste.