Fatigue

Deuxième semaine. - p.1

Deuxième semaine de passée et nous sommes déjà Pâques. Trois jours de congé. J'en ai besoin. Le champs de tir commence à tirer, justement, et à chatouiller aussi. Le médecin45 m'a donné un remède au cas où ces chatouillis me démangeraient au risque de me blesser moi-même en grattant la peau. Je suis contente d'avoir un jour de répit supplémentaire46 et j'espère, par ce biais, pouvoir éviter de prendre ce médicament : encore un peu de chimie pour polluer mes organes.
A ma première consultation avec elle, je me suis renseignée sur mon hormonothérapie, parce que la date où je devais commencer n'avait pas été précisée. Maintenant, j'ai tous les documents de la mutuelle47 m'autorisant à disposer de ce médicament gratuitement. Le médecin m'a laissé le choix : elle m'a conseillé de commencer le plus tôt possible et, au plus tard, le jour de la fin des rayons.
Je me suis aussi inquiétée de mes vacances : je tiens à profiter des jours qui suivront la radiothérapie. Tout d'abord, elle me dit que je dois prévoir un délai avant de prendre des vacances, pour pouvoir évaluer dans quel état de fatigue je serai au sortir de la radiothérapie, vu l'effet cumulatif. Et concernant la destination, elle est plus sévère : pas de soleil sur la zone irradiée durant une année entière, depuis le cou jusqu'au dessous du bras. Un T-shirt blanc n'est pas assez couvrant.
J'aurais aimé faire de la voile. Elle a eu l'air de faire une moue. Elle me déconseille aussi le trekking en montagne. A mon avis, elle est "montagne", tandis que, moi, je suis "mer". Je n'ai jamais eu l'idée de faire du trekking en montagne. Elle insiste surtout pour la protection par rapport au soleil. Il semblerait que le soleil continuerait l'effet des rayons. Je n'ai pas bien compris le raisonnement, mais j'ai compris le message : pas de soleil sur le champ de tir. Puisque je dois rester couverte et me protéger des rayons U.V. cet été (pendant un an calendrier, au moins, à dater de ma dernière radiothérapie), je m'acheterai de nouveaux vêtements, beiges, car il semblerait, d'après ce que je sais, que les tons sable protègent contre les réflexions solaires. Logique, vu que les animaux des déserts portent cette couleur, que les coloniaux la mettent préférentiellement, et enfin vu que cette couleur est faite à partir de violet et d'orange superposés lors de la teinture : ultra-violet et orange-feu sont donc arrêtés. Tant pis si ça ne fait pas très maritime, l'accoutrement saharien, je ne suis pas à ça près.
Sinon, rien de spécial à signaler. Je continue à être fatiguée, mais de façon raisonnable. Je continue de faire des siestes et à me coucher à des heures raisonnables. Je me lève assez tôt : j'ai rendez-vous à l'hôpital tous les jours à neuf heures trente.