Radiothérapie

Simulation. - p.2

Je ne peux que me féliciter, ici et maintenant, d'avoir eu la chance que le hasard me fasse connaître ma sénologue, si écoutante, si présente… parce que je ne sais pas comment j'aurais pu assurer si j'avais été accueillie dans le diagnostic par une personne plus froide, plus distante ou seulement fonctionnelle.

J'en arrive à me dire que je le fais pour moi, question d'avoir une source de motivation interne, ou parce que Tania m'accompagne encore et toujours si gentiment, … mais je ne me sens soutenue, sur ces cinq personnes, que par cette dame dont je pense qu'elle est un des médecins44. Parce qu'en plus, le personnel ne se présente pas. Vous n'avez qu'à lire le badge qu'ils portent sur leur tablier blanc, pour peu que vous ayez une bonne vue...
Quand je quitte la salle, elle me dit que je ne la verrai pas nécessairement tous les jours, voire seulement une fois par semaine, si cela s'arrange dans les horaires. Elle ajoute aussi que, si quelque chose d'anormal ou de difficilement supportable survenait, comme une fatigue excessive ou des brûlures, je devais demander à voir un médecin... Là encore, je suis éberluée de prendre conscience que ce n'est pas le médecin qui se préoccupe que tout aille bien, mais à vous à signaler si quelque chose va mal !

Pour ma part, j'ai hérité d'un sursis de quatre jours. La radiothérapie ne commence pas aujourd'hui jeudi, comme je m'y attendais, mais lundi. Aujourd'hui, j'avais un examen complémentaire à passer : une dosimétrie au scanner dont j'ai été prévenue hier, lors de la "simulation". Encore une fois, en dernière minute. Mais comme j'ai quatre jours de congé imprévus également, je pardonne.

La gentille dame, je l'ai retrouvée ce matin, au scanner et j'étais bien contente de la revoir. Au moment de faire ma toilette, à la maison, j'avais soigneusement analysé les marques laissées par leur simulation sur mon thorax : croix et barres, de la gorge (j'ai si peur pour ma thyroïde) au bas du sternum et de dessous le bras jusqu'au sein restant, avec pour épicentre la cicatrice. J'étais étonnée d'en voir si peu près de mes ganglions, sous mon bras. J'en ai donc profité pour lui demander s'ils en avaient bien tenu compte (j'ai bien compris que j'ai intérêt à prendre soin de moi-même par moi-même !), à quoi elle m'a répondu "No stress". Et j'essaie de me déstresser un peu. Mais j'ai vraiment la trouille.
Entretemps, j'avais entendu que, la veille, lors de la simulation, il y avait eu de la bisbrouille dans l'équipe d'androïdes. Anxieuse, tout résonne en moi et je suis inquiète de dépendre de gens qui ne sont pas bien dans leur peau.
Pourtant, tout le monde me dit que j'ai "passé le pire", "qu'à côté de la chimio, la radio ce n'est plus grand-chose"… Mais je supporte mal les machines, et, comme je viens de le comprendre clairement, je serai donc traitée par des techniciens et des machines, pas par des médecins…
J'ai beau me raisonner qu'en chimio aussi, c'étaient des infirmières qui étaient en contact avec les malades, leurs délivraient les perfusions de médicaments et vérifiaient que tout se passe bien, je stresse.

J'ai donc quatre "beaux jours" devant moi. J'aimerais en profiter pour me promener, avoir quelques activités plus "riantes", mais il fait exécrable, froid, neige et pluies en bourrasques de giboulées et tout le monde travaille… Et le samedi, chacun a son programme de courses et autres raisons de courir après le temps. Aujourd'hui, dimanche, faute de mieux, je me suis donc installée quelques temps au soleil avec le PC, pour, à la fois, relire mon texte et profiter du beau temps. Nous sommes en mars et, d'un jour à l'autre, le temps change de la neige au soleil éclatant.