Mes relations avec "les autres"

La misère des autres. - p.1

Avec le recul de la maladie, nous percevons à quel point la vie peut parfois paraître bizarre.
Un de mes amis se plaint régulièrement de sa santé : une fois il a trop mangé, une autre fois trop bu ou pas assez dormi… A quoi j'ai répondu, parce que j'en ai marre de ses plaintes continuelles, que moi qui ai le droit de me plaindre, je ne me plains pas, et que lui qui n’a rien, si ce n'est qu'il devrait manger, boire et dormir raisonnablement, il se plaint tout le temps ! Depuis lors, il va bien, merci pour lui : il ne se plaint plus ! Ou alors, petitement, d'un air un peu gêné !
Je suis saisie de voir à quel point les gens peuvent être accablés par des petites misères… alors que, moi-même, je dois faire face à ma survie. Mais c'est aussi cela, la Vie…
Je raconterais bien l’anecdote concernant mon médecin homéopathe à qui je téléphone de l’hôpital un lundi et qui me dit qu’elle serait bien venue me rendre visite durant le week-end si sa vieille chatte n'était justement morte. Elle ne se voyait pas me rendre visite, vu sa tristesse… Evidemment, je peux comprendre… mais la façon de l’expliquer, pleine de tact, pour dire qu’elle était presque gênée d’avoir été entravée par une chose aussi relative que le décès d’une vieille chatte… Pour moi, cela m’a appris que, malgré la relative gravité de ma maladie, la vie continue chez les autres, avec leurs petits pépins, leurs tuiles et leurs catastrophes relatives ; à respecter pour ce ce que c'est : leur quotidien. La pluie, le beau temps. Pourquoi s’enfermer dans une tour d’ivoire avec son cancer ?

Certaines personnes ont eu "l’indécence" de mourir d'un cancer pendant ma chimiothérapie !
Pour certains, cela posait problème de m’en parler, de peur que cela n’influence mon moral ou je ne sais pour quelle raison. Mais je ne vois pas pourquoi, au nom de ma lutte pour ma santé, je devrais être mise sous cloche – et jusques à quand ? J'ai dit que je n'embrassais plus personne jusqu'à Pâques, mais de là à… Les autres ont le droit de vivre, d'être malades ou d'avoir une chatte qui meurt, même si je suis en chimiothérapie. Je ne vois pas de raison d'écarter certains sujets de conversation parce que j'ai eu un cancer. La vie continue "comme avant", non ?