Mes relations avec "les autres"

Amis, relations amicales. - p.1

Des ami(e)s, j'en ai beaucoup. Les plus proches ont été prévenus par une visite. Les autres l'ont appris par téléphone : faute de temps, je n'ai trouvé que ce moyen de le leur communiquer. Certains ont même reçu un courriel : ceux pour qui ce moyen de communication a toujours été le plus utilisé, dont les amis d'outre-mer.
J'ai prévenu la plupart d'entre eux, car j'avais vraiment besoin de leur vitalité. Et je me suis réellement sentie "épaulée" par certains, comme on dit des dauphins qui ramènent des naufragés au rivage.

Les mots clés en matière d’amitié, d'amour me paraissent principalement le respect, la discrétion, l’humour, les petites surprises dosées… Mais chacun a son propre lexique. Dans la mesure où je vis seule, les mots "tendresse", "câlins"… ne font pas à proprement parler partie du programme. Mais, quelques fois, quand je me sentais trop pauvre en chaleur, en douceurs, je demandais un "gros bisou" à mes fils, parce que c'était un minimum et que ce minimum, comme les vivres du petit navire "vin, vin, vinrent à manquer, ohé ! ohé !" Il m'arrivait aussi de tirer le signal d'alarme chez des ami(e)s…

Le respect de vous-malade, dans vos capacités d’abord et vos limites ensuite : oublis, fatigues, annulations, siestes impromptues. Respect aussi de la temporarité : ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera pas nécessairement demain, et ma dégradation d'aujourd'hui sera ma force plus tard.

La discrétion. Mon meilleur exemple se résume à ceci. J’ai un ami de longue date qui fréquente le même club de voile que moi. Il est au courant de ma maladie, mais les autres pas. A une assemblée annuelle, bien sûr, les autres lui demandent de mes nouvelles ; à quoi il répond, comme convenu, que je suis très occupée (ce qui n’est pas faux !). A son retour, il me fait son petit rapport de la réunion et me dit : "J’ai aussi vu Jean-Pierre. Il m'a aussi demandé de tes nouvelles. Je me doute que si tu avais été là, tu le lui aurais dit, mais je ne me suis pas permis d’en parler ". J’ai beaucoup apprécié la finesse de cet ami. Il avait tout juste d’un bout à l’autre : oui, Jean-Pierre est quelqu’un qui peut savoir ; non, ce n’est pas à lui à décider à qui le dire ou non… Ma maladie m’appartient.

Les messages rigolos, l'humour envers et contre tout, les marques de sympathie, un bouquin qui arrive par la poste… tout ce qui rappelle les complicités de l’enfance, les petits plaisirs de la vie, sont sources d’optimisme, de sentiment d’être aimée, que la vie vaut la peine d’être vécue. C’est un contrepoids indispensable à la souffrance, à la solitude.
Ce besoin de légèreté et de dérision face à la situation me sont sans doute très personnels. Je ne peux évidemment pas le conseiller comme une panacée universelle ! Mais ce qui compte, c'est d'être au diapason avec le besoin de vivre du malade, le mode où ce sentiment peut s'exprimer, qu'il sache combien il compte dans la vie, petites connivences sur base du dicton : "qui se ressemble, s'assemble".