Chimiothérapie

Dernière chimio… - p.2

Me voilà avec des conflits d’énergie : la force de la "lutte finale " qui hurle en moi que je suis guérie… et d'autre part, mes faibles ressources vitales. Je n'ai, bien sûr, pas encore récupéré. Je n'arrive pas à gérer nerveusement. Je pleure, je me mets facilement en colère…
Et je me fais du tort. Mais comment faire mieux ?
Mon optimisme me met dans des états de fatigue que je devrais encore éviter pendant quelques temps. Mais, sinon, je m’ennuie à mort, provoquant des chutes de moral, si bien que je pleure comme la fontaine de Trévie pour un Oui ou un Non. Et prise entre toutes ces tensions, je pète les plombs : je monte et descends les escaliers de rage, me mets en colère sur tout ce qui bouge, menace de me suicider en faisant exploser la baraque – au sens propre ! – mais ce n’est qu’une menace !
J’ignore comment font les autres. Certains me répondent que les autres n’ont pas mon énergie. Et voilà… je vous souhaite, à vous, à ceux que vous connaissez, à tout-le-monde, d’avoir le juste-comme-il-convient d’énergie pour toujours être en adéquation avec le reste du monde et ses propres états intérieurs.

Ma fatigue s'accroît encore. A moins que ce ne soit toute la fatigue résiduelle que je ressens encore si fort au-delà du vingt et unième jour, en commençant la radiothérapie.
Actuellement, mes trop faibles forces me laissent comme une baleine échouée sur la plage de mon lit ou de mon salon parce que, trop enthousiaste, mais trop faible encore, je me suis élancée jusqu'à l'étage ou parce que j’ai accepté deux invitations le même jour et que je me suis forcée à y aller.
Je fais ainsi connaissance avec différents types de nausées. Actuellement, c’est la baleine qui a des nausées, celle qui en fait trop et se retrouve épuisée.
En finale, je peux inventorier : les nausées de lutte contre l’intoxication, directement post chimio, qui correspondent sans doute à certains types d’empoisonnement ; la nausée parce que je suis invitée chez mon oncle, où flotte l’odeur du bon poisson, tout frais, qu’il m’a préparé avec amour, au court bouillon, et que je n'encaisse pas l'odeur de poisson, aussi frais soit-il ; la nausée parce que je ne digère pas et que foie, estomac et intestin sont en délégation syndicale ; ou cette nouvelle nausée de fatigue, où mon corps manifeste son incapacité à suivre mon enthousiasme moral et mental.
J'ai fréquemment des malaises, voire des vomissements consécutifs à un excès de fatigue (pour ne pas m’être respectée assez) ou même parce que j’ai faim. Je ne vous dis pas la difficulté de savoir si ce que vous ressentez est digestif, de fatigue ou de faim… quand vous êtes perpétuellement fatiguée, avec des troubles digestifs en permanence et des faims à des heures incongrues.
Récemment, des amis médecins avaient une discussion autour de mes nausées quant à savoir si elles étaient plutôt d’origine centrale (pour les non-médecins cela signifie qu’elles sont régies par le cerveau) ou d’origine locale (dans le ventre). A partir de cette différenciation, ils donnent des remèdes différents. Je crois qu’à part dans les cas où la délégation syndicale ventrale est au pouvoir, où c’est purement fonctionnel, tous les autres cas ont une composante -mais pas exclusivement- centrale. Mais moi pas docteur, li doit faire des expériences sur des souris ! ! !