Chimiothérapie

Tout d'abord : les présentations - p.2

Mon premier souci, en entendant parler de chimiothérapie, fut de m'informer sur la gestion de mon énergie15 : comment la préserver, qu'allait-il en rester, comment m'organiser par rapport à elle pour pouvoir malgré tout vivre un peu. Mon énergie, c'est un peu mon identité. D'autres sont faits de compassion, de douceur ou de toutes sortes d'autres qualités, mais moi, sans mon énergie, je ne suis plus moi. J'en ai réellement besoin pour vivre et je me suis donc de suite inquiétée pour elle. Et la question accessoire, mais tout aussi importante, fut rapidement : comment me prémunir contre les effets secondaires ?
J'ai pensé demander conseil à mon médecin, mais plus encore, j'ai pensé aux copines qui étaient déjà passées par-là. Petra était la seule à avoir eu un cancer du sein et une chimio. Les autres avaient eu un autre type de cancer ou d'autres types de prise en charge thérapeutique.
Je pouvais facilement lui poser la question de l'énergie : je savais que cela avait été, pour elle, à la fois une source de préoccupation et une victoire. Je l'ai donc invitée, entre ma seconde opération et ma chimiothérapie, pour que nous ayons l'occasion d'en parler. Elle ne me cacha rien de ce qui m’attendait et commença par m'offrir un yogiman16, pour les moments de désespoir, de tristesse, de solitude. Elle me parla aussi de me faire aider, par des aides familiales, et elle insista lourdement sur ce point. Puis elle me parla des différents symptômes qu'elle a eus et des moyens auxquels elle a eu recours…
Et parmi eux, elle me parla d'aphtes et des problèmes liés à la sensibilité des gencives. Elle en a beaucoup souffert. J'ai donc demandé un rendez-vous d’urgence à ma dentiste en expliquant que je devais rentrer en chimiothérapie. Elle me félicita d’avoir réagi anticipativement, me disant les risques et complications à soigner des dents, durant la chimio, du fait de l’immuno-déficience… Elle pensait, effectivement, pouvoir me prémunir contre certains ennuis de gencives par un bon détartrage, qu’elle me fit avec le plus grand soin, vérifiant au passage l'état général de mes dents. Je n'ai eu aucun aphte. Allez savoir pourquoi. J’ai eu la langue épaisse, lourdement chargée. Mais je n’ai eu à me plaindre ni de mes gencives, ni des aphtes, ni des dents.
Je ne comprends pas pourquoi mon chirurgien ou le chimiothérapeute ne m’ont pas encouragée dès ma sortie d’hôpital à faire cette démarche auprès de mon dentiste. De même, je ne comprends pas que les brochures, que ce soit des mutualités, des offices relatifs au cancer ou de l’Ordre des Dentistes, ne conseillent pas ce contrôle et ces soins basiques à ce moment crucial.

De la même façon, quand j’ai entendu parler des risques liés à l’immuno-déficience, et parce que nous rentrions dans la période hivernale, j’ai pensé, en voyant une brochure destinée aux personnes âgées et fragilisées, à me faire vacciner contre la grippe et la pneumonie. Mon médecin homéopathe m’a déconseillé celui contre la grippe, mais prescrit le vaccin contre la pneumonie. Une fois encore, je suis surprise d’avoir dû y penser moi-même. En plus, ce fut un sacré parcours du combattant, parce que j’y ai pensé cinq jours avant la première chimio. C’était donc devenu une urgence… et il y avait rupture de stock dans les pharmacies. Heureusement, par un jeu de pistons, j’ai malgré tout pu m’en procurer un échantillon auprès de la firme productrice le jour-même. Mais ce fut une course contre la montre. Merci les pistons !
Je suis particulièrement heureuse d’avoir pensé à cette précaution supplémentaire, d’autant que nous sommes fragiles des poumons depuis plusieurs générations et que j’ai déjà fait une pneumonie étant jeune.