Le temps passe… la vie continue

Depuis lors, nous sommes début juin. - p.3

En attendant, je ne pense qu'à ça avec angoisse : la reprise du travail, mon sentiment d'incompétence, mon angoisse de me trouver confrontée à un médecin-conseil qui m'imposerait une reprise précoce sur ma bonne mine apparente.
Il a émis un avis négatif à ma demande de kinésithérapie supplémentaire. Toute contrariété me demande une énergie incroyable pour faire face. C'est mental.
J'ai des difficultés musculaires, d'une part, mais aussi mentales : je n'arrive plus à m'y mettre assez longtemps pour réaliser une tâche complètement. Tout paraît donc insurmontable. Personne ne semble comprendre cela. Et je peux dire que tout est contrariété : mon e-mail qui ne fonctionne plus, des taxes astronomiques à payer, le courrier de l'avocat de mon fils annonçant que le jeune qui l'a agressé a été purement et simplement acquitté… Tout le monde me dit "il n'y a qu'à", parce qu'à leurs yeux, les démarches pour solutionner ces problèmes n'ont vraiment rien de chinois. Le cas échéant, cela veut dire, il n'y a qu'à demander à mon médecin traitant de prendre contact avec le médecin-conseil pour étayer mon dossier et espérer le faire revenir sur sa décision. Il n'y a qu'à introduire l'affaire en appel. Il n'y a qu'à faire un upgrade de mon modem. Il n'y a qu'à faire appel à mon comptable pour vérifier si cette taxe est à payer ou non… Mais pour moi, tout cela paraît insurmontable. Je n'arrive pas à prendre les initiatives nécessaires, à m'organiser, à me mettre en train. Pour ne pas trop me démoraliser et pour arriver à maîtriser un peu, j'ai décidé de faire chaque jour au moins une chose, ou deux si je peux. Mais chaque jour m'arrivent de nouvelles tâches à ajouter à ma To Do List, plus nombreuses que ce que je peux résoudre quotidiennement. Je suis donc dans le rouge par rapport à mon rendement quotidien. Je suis aussi dans le rouge par rapport à mes finances. Payer, toujours payer. Je n'en peux plus. Ce n'est pas demain la veille d'un départ en vacances, faute de liquidités.
Mais de toute façon, je n'en suis pas là. Ici, en ce magnifique mois de juin, il fait trente degrés à l'ombre, et je ne supporte plus du tout la chaleur. Elle m'abat. Je préfère rester au calme dans la maison, les persiennes closes. Pourquoi chercher pire ailleurs ?
Comme je le disais, j'ai une belle mine. Merci la voile ! Cela fait plaisir aux gens qui m'aiment. Et à moi aussi quand je me croise dans un miroir. Mon visage, très exclusivement, prudence oblige !, est un peu halé par le soleil de la navigation. Là, la chaleur est plus supportable, puisque nous sommes sur l'eau et dans le vent et avec une moitié du bateau à l'ombre de ses voiles. Je peux me permettre d'accompagner sans crainte puisque les copains conduisent la voiture jusqu'au port. Et que je peux disposer des couchettes en cas de coup de pompe. Parce que ma belle mine est trompeuse : je n'ai pas l'énergie qu'elle reflète. D'ailleurs, vers le soir, je suis tirée, avec des cernes de vampire et je me fais peur quand je m'aperçois.