Le temps passe… la vie continue

Depuis lors, nous sommes début juin. - p.2

Mais je me suis trouvée tout anxieuse pour elle en voyant son manque d'énergie pour son foyer, comme elle se trouve vite débordée… J'ai peur qu'elle ne nous couve une récidive, car sa façon d'être ne lui ressemble pas. Il faudra que je lui demande quand son bilan annuel est prévu. Je crois que cela doit être très prochainement. Son état m'inquiète, tant pour elle que pour moi, car, s'il est normal qu'elle s'en sorte si mal, je crains pour mes espérances de récupération ; par contre, si ce n'est pas normal, je crains le pire76.
J'avais aussi ces fameux rendez-vous chez les chimio- et radiothérapeutes. Ils sont toujours égaux à eux-même, chacun : il s'est contenté, en gros, de me prendre la tension… tandis qu'avec elle, j'ai pu parler des risques de récidives, vu qu'elle m'a bien palpée pour tout vérifier attentivement. Elle me dit de surveiller la cicatrice et l'autre sein, mais qu'une rechute peut aussi être possible au niveau du foie, des os, de l'utérus… et que de ce côté-là, je ne peux faire aucune prévention personnellement. Elle me met en garde que les taches sur la peau pourraient ne pas s'estomper et que je DOIS faire le plus attention possible d'être bien couverte. Deux jours après cet entretien, vu ces recommandations et les risques impalpables que nous courrons, mes inquiétudes pour mon propre avenir et pour celui de Petra me mettaient à nouveau complètement à plat.
Mon bilan est prévu pour la mi-septembre. Mon congé de maladie a été prolongé jusqu'à la fin de ce mois-là. Je me rends compte que je ne résiste à aucun stress. Il suffit de peu pour me replacer devant les questions de vie et de mort. D'inquiétude pour mes enfants… Tous mes papiers sont en ordre de crainte que le grand tourbillon ne m'emporte.
Le médecin-conseil a demandé un complément d'information à mon homéopathe sur l'évolution de mon état de santé. J'en suis toute perturbée également. Je ne me sens pas capable de déjà reprendre le travail. Je ne résiste à aucun stress ; je ne sais plus lire aussitôt que je dépasse un certain niveau de fatigue et celle-ci me tombe encore dessus sans prévenir ; je ne maîtrise plus les langues que je connaissais que quand je suis au mieux de ma forme. Sinon, même en français, je continue à faire des lapsus quand je dépasse mes limites. Je suis fatiguée après des travaux légers dans la maison. J'ai des difficultés à me concentrer. J'ai un profond sentiment d'incompétence. Je me dis que d'écrire ce livre est un excellent exercice pour ne pas trop laisser mollir mes compétences dactylographiques, ma capacité de réflexion, certaines des qualités qui étaient exigées dans ma profession. Mais ce qui me donnait un avantage concurrentiel sur le marché, c'était mon trilinguisme et ma résistance au stress. J'espère récupérer prochainement.