La chimiothérapie n’entraine pas de troubles psychologiques !

Rêves, sommeil et régressions - p.2

Les personnages qui venaient se coller contre des vitres
Dans ce rêve, récurrent également, des personnages laids et défigurés venaient se coller contre ma rétine, le visage comme appuyé contre une vitre, en agrandissement, façon fish-eye. Et ils me regardaient, puis cédaient la place à d’autres, aussi laids et grimaçants… Ils ne faisaient que cela, mais ils m’obsédaient complètement. Je n’arrivais à avoir aucun recul par rapport à eux. Je n’arrivais pas à rêver d’autre chose. Parfois, ils s'imposaient déjà avant que je ne m'endorme, m'empêchant même de m’endormir, tellement leur présence était dérangeante.

Revivre ma naissance
Ici je ne parle pas de rêve, mais d’une expérience particulièrement angoissante. A l’époque où je faisais sempiternellement ce même rêve de figures obsédantes, je me suis trouvée dans mon salon, où une vitre est fêlée de haut en bas. Cette fêlure dans la vitre m’attirait comme les visages du rêve : j’avais du mal à garder mes distances. Je voulais traverser la vitre, me blesser. J’étais obsédée par l’image de moi toute couverte de sang frais, bien rouge et gluant, de la tête aux pieds. En même temps, j’étais consciente que si je me blessais vraiment, je le regretterais ; que je serais conduite à l’hôpital et que je serais considérée comme folle ou suicidaire. Ce que je ne voulais pas. En plus j'étais immuno-déficiente, et, sans plaquettes, je n'avais aucun intérêt à me couper de la plus petite façon que ce soit, sans quoi cela pouvait tourner à l'hémorragie. J’étais vraiment très mal avec toutes ces pulsions en moi. J’avais très peur pour moi-même, qu’il m’arrive quelque chose de grave. Et je n'arrivais pas à quitter cette pièce, tant j'étais prise dans cette fascination vertigineuse pour la vitre fêlée.
Mon fils aîné était témoin de ma lutte contre moi-même et ne savait que faire.
Je voulais hurler, mais je n’y arrivais pas… Je me sentais seule et abandonnée. J’avais froid.
J’ai finalement réussi à crier. Des hurlements hystériques, de peur pour moi-même. Mais les cris accroissaient la peur. Phénomène en spirale. Jérome savait de moins en moins quoi faire, le pauvre, et m’a demandé si je voulais qu’il me conduise à l’hôpital.
Il m’a finalement conduite à ma chambre. M’a bordée. M’a caressé le cuir chevelu en me parlant tendrement et en me berçant pour m’endormir, tandis que je sanglotais.
Le lendemain, à mon réveil, j’étais encore effrayée de ce qui m’était arrivé et j’ai cherché de l’aide pour comprendre, mais en vain : mon expérience avait un caractère trop exceptionnel.
Le surlendemain, j’ai compris par moi-même que j’avais probablement revécu ma naissance : ce besoin de passer "à travers", ce sang sur moi, ce sentiment d’abandon et la douleur du premier cri, si difficile à faire sortir. Quoiqu’il en soit, j'en ai retenu à quel point naître peut être traumatisant pour un bébé. Et, à travers cette expérience, j’ai revécu à quel point mon accouchement avait été difficile à vivre pour moi. Et le point de vue de ma mère correspond : ce fut également très difficile à vivre pour elle car je suis restée coincée, mettant nos deux vies en danger.
Là aussi, l’homéopathe fut la seule personne à me donner une réponse satisfaisante. Elle m’a prescrit des granules qui remirent les choses en place et m’aidèrent à me débarrasser des personnages contre la vitre. Se pourrait-il que ce soient le gyné de ma mère et les infirmières de la salle d’accouchement ? Ou les gens qui se sont penchés sur mon berceau ?