La chimiothérapie n’entraine pas de troubles psychologiques !

Ebranlée dans tout mon Etre. - p.1

Apprendre que je souffrais du cancer fut déjà un choc émotionnel énorme.
Non seulement il vous replace par rapport à votre destinée, à votre sentiment de vie et de mort, mais il vous oblige, également, à vous resituer complètement dans votre contexte familial, social et professionnel. Triste miroir, car il réorganise tout votre tout.
Vous avez le cancer et vous réagissez, pour vous-même et par rapport aux autres.
Comment allez-vous partager cette sinistre nouvelle avec vos proches, vos amis, votre employeur ? A qui le dire, ne pas le dire ? Comment le dire, ne pas le dire ? Besoin d’écoute, besoin d’avoir des êtres optimistes mais proches autour de soi.
Poison des indiscrétions. Souffrance ultime de ceux qui vous parlent déjà à l’imparfait, vous souhaitent d’avoir assez de courage et de "moral " et vous parlent en vous enterrant vivant(e).
Moi, j’ai eu besoin d’en parler autour de moi, mais pas à n’importe qui… parce qu’intuitivement, je savais que certaines personnes allaient me blesser alors que j’étais déjà si fragile.
Nécessité absolue de la discrétion. Nécessité absolue d’être respectée dans mes espoirs et désespoirs, dans ma fragilité, dans ma manière d’exprimer cette inexprimable souffrance de me voir pendue le nez dans le vide, la mort, la mutilation, la souffrance physique, la peur et l’angoisse, la dépendance aux soins et aux autres. Ne plus être libre de mon temps, de mon corps, "sans souci ".
Bien portante, je n'imaginais pas, quand je me tracassais pour le paiement de mes factures, l’éducation de mes enfants, un achat important, comme tout cela pouvait être "une vie sans souci ". Je me stressais, je courrais, je criais, je me plaignais, mais maintenant que je peux comparer, je m'aperçois qu'en rapport avec ce que vit un cancéreux, le poids du "souci " se mesure sur une autre échelle de valeur.