Bien sûr, il y a des services de recherches qui se penchent sur le problème depuis des années, mais cela paraît si injuste, si "anormal" d'être subitement concernée et de se rendre compte du nombre de personnes qui en souffrent et que rien de ces recherches ne transparaît dans le grand public…
Bien sûr, le taux de survie, comparé à ce qu'il était il y a quelques années, devrait nous satisfaire… mais le nombre de personnes atteintes a augmenté proportionnellement ! De plus en plus de personnes sont concernées. Presque tous les amis de mes enfants ont un parent atteint actuellement : toutes des personnes de quarante cinq à cinquante ans, et principalement des femmes. Cancers du sein, des intestins, tumeur au cerveau, j’en passe et des meilleurs. Sans compter les plus âgés, qui ont survécu et restent "en sursis" et, malheureusement, les enfants et les jeunes. C’est effrayant.

Le soir du 11 septembre de triste mémoire, avec mon cancer tout neuf, et donc particulièrement sensibilisée, j'ai téléphoné au journal télévisé pour demander de prévenir la population de fermer ses fenêtres la nuit, vu que la terre tourne, que nous sommes à peu près sous la même latitude, et qu'une pareille destruction devait nécessairement entraîner des pollutions aériennes intenses. La réponse que j'ai reçue tient en quelques mots "vous voulez vraiment affoler complètement la population ?". Non, ce n'était pas mon but. Ce que je voulais, c'est protéger la population !! Ils auraient pu interroger l'Institut Météorologique sur les risques éventuels…
J'espère que, maintenant, "ils" ont pris conscience des conséquences de leurs méthodes de travail : présenter de pareilles images, en boucle, avec des informations alarmistes et exagérées, me paraît bien plus affolant que de donner des instructions simples et précises de sécurité locale. Mais bon… à chacun la dimension de sa lorgnette. Apparemment, "on" préfère ne pas protéger la population de crainte de l'affoler ! Cela s'appelle la communication et la protection civile !
De même pour Tchernobyl, qu'avons-nous reçu comme informations de prévention ? Il paraît que des météorologues ont analysé les mouvements aériens qui ont disséminé les courants chargés de particules nucléaires dangereuses. Ces rapports ont-ils été rendus publics auprès des populations concernées ? Sont-elles particulièrement suivies ? Qui en fait partie ? Les moyens sont-ils mis en place pour que les soins (de l'aide familiale aux services de radiothérapie) soient prévus en suffisance pour faire face à la demande accrue ? Qui paiera ?

Le fait d'avoir le cancer, qu'il y en ait tant, que la population se sente si mal informée et si mal protégée par les pouvoirs publics, remet le système en cause. Mes fils, que j'essaie d'encourager à arrêter de fumer, me disent que de toute façon, dans quelques années, tout le monde aura le cancer… et que ça n'a donc pas d'incidence s'ils fument ou pas. Et d'ajouter : "regarde, toi, tu n'as jamais fumé et tu as quand même le cancer". Un petit sondage auprès de leurs ami(e)s me prouve qu'ils pensent tous comme cela. Ne cherchons plus d'où vient le défaitisme de la jeunesse… Quel pouvoir ont-ils sur leur avenir, que ce soit la santé, la profession ou d'autres domaines essentiels à la (sur)vie ? Beaucoup n'y croient plus. Et la méthode de communication de la part des pouvoirs publics en matière de prévention ne les encourage certainement pas à prendre leur destinée en main de façon active. Aujourd'hui-même, mes fils sont revenus avec les chiffres alarmants du sida. Nous sommes, à mon avis, par rapport à toute une jeunesse, dans une situation pire que pendant la guerre. Ils n'ont même pas besoin d'élan pour courir à la mort : c'est la mort qui court vers eux… Et nous sommes impuissants à protéger nos enfants.
Je me souviens avoir hurlé pendant mon adolescence contre mes parents et toute leur génération, contre la pollution qui s'installait et contre laquelle ils ne faisaient rien, à part consommer toujours plus et jeter toujours plus. Mes élans me portèrent vers l'art, parce que seuls les artistes semblaient sensibles à cet amoncellement de détritus, comme César, avec ses compactages de voitures… Je me souviens aussi de ma tristesse devant les rivières mortes et de mon enthousiasme en voyant qu'aux Pays-Bas, les enfants peuvent à nouveau se baigner dans certains canaux ou étangs… Mais qu'en est-il d'une politique de salubrité en Belgique ? Et, de toute façon, en Hollande aussi, tout le monde, non, mais presque, est atteint du cancer. Petra n'est-elle pas Néerlandaise ?